La pandémie COVID-19 a eu des effets dévastateurs sur toute la population mais également sur les économies. Presque aucun secteur n’a pu échapper des conséquences de cette crise d’une ampleur sans précédent et qui n’a toujours pas révélé tous ses secrets. Le secteur des assurances ne fait pas l’exception.
Ces faits vont rendre le rôle des sociétés d’assurances et de réassurance beaucoup plus important et crucial que l’on pense. Raisons pour lesquelles plusieurs mesures ont été prises à l’échelle nationale et internationale afin de permettre au secteur d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses assurés.
Les organismes d’assurances ont pu :
- Maintenir La continuité des activités : La priorité immédiate pour toutes les organisations a consisté à protéger la santé et la sécurité de leurs employés, clients et partenaires tout en s’engageant de poursuivre leurs activités. Pour ce faire, la plupart d’entre elles ont dû instaurer des modalités de travail flexibles afin que les employés puissent travailler chez eux, et établir de nouveaux protocoles concernant la cybersécurité et le télétravail.
- Adapter leurs réseaux et lignes téléphoniques à supporter des pics de trafic inédits : L’augmentation du nombre d’appels aux centres d’appels a mis à l’épreuve la capacité de nombreux prestataires de services à répondre aux attentes de leur clientèle.
- Réviser les conditions d’admissibilité et les protections : Bon nombre d’assureurs ont démontré leur capacité à faire preuve de souplesse et d’empathie et à prendre les devants, dans le contexte de la situation actuelle, en accordant des délais de grâce pour le paiement des primes et en prolongeant les périodes d’admissibilité et de protection
La Covid-19 fait-il partie des maladies couvertes par les assureurs au Maroc ?
La réponse est oui. La Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurances et de Réassurance (FMSAR) a affirmé dans son communiqué du 23 mars 2020 que les entreprises d'assurances acceptent et prennent en charge les dossiers maladie liés au Covid-19.
Quant aux assurances maladie, les contrats accident du travail couvent le télétravail dès lors qu’il est autorisé par l’employeur, à l’exclusion des accidents ménagers. Seuls les frais liés aux tests préventifs hors prescription médicale ne sont pas pris en charge.
Quel est l’impact financier de la crise sanitaire sur le secteur d’assurance ?
Selon Mohamed Réda LAHMINI associé du cabinet Grant Thornton le secteur de l’assurance au Maroc reste solide et continue de couvrir l’exigence de marge de solvabilité malgré les effets majeurs de la crise.
Les impacts de la crise sur le secteur sont principalement liés à la baisse du chiffre d’affaires et des produits financiers, avec un impact à court terme sur le résultat et le niveau des impayés qui affichent une augmentation par rapport à une situation « normale ».
Afin de réduire les effets pénalisants pour les entreprises d’assurance et de réassurance, l’Autorité de contrôle des assurances et prévoyances sociales L’ACAPS, en concertation avec le marché, a modifié de manière transitoire certaines mesures prudentielles, particulièrement celles qui concernent le risque du marché financier et le risque d’impayés. Les compagnies d’assurance peuvent ainsi maintenir leurs positions d’investissement à moindre coût en matière de capital et de provisions.
Quel impact sur les assurances santé ?
Selon les prévisions le chiffre d’affaires, la branche Santé a de forte chance d’enregistrer une hausse, si on prend en compte l’impact psychologique des souscripteurs de contrat-maladie en tant de pandémie.
En effet, les souscripteurs et bénéficiaires des contrats de Santé sont plus vigilants sur leurs contrats de maladie et souhaitent s’assurer que leurs dépenses de santé seront correctement remboursées par leurs assureurs. Le même phénomène de hausse de chiffre d’affaires pourrait être observé sur les contrats d’assurances vie.
La pandémie a-elle entraîné une augmentation importante de la demande d'assurances et de services en santé internationale ?
Effectivement il s’est avéré que ces prévisions étaient justes puisque plusieurs responsables de compagnies d’assurance ont affirmé qu’ils ont constaté une hausse significative des demandes de souscription en assurances et services de santé internationale depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Les répercussions de la crise de COVID-19 sur les particuliers et les entreprises sont sans précédent. Un climat d’anxiété et d’inquiétude règne partout dans le monde. Dans ce contexte d'urgence mondiale et d'incertitude générale, les conséquences émotionnelles et financières deviennent inquiétantes. Une croissance de la demande de soutien et de conseils auprès des assureurs a été remarquée, que ce soit via les services d'assistance téléphonique, les conférences et webinaires en ligne ou les sites internet des compagnies d’assurance.
Une nouvelle vision pour le système de santé marocain s’impose :
La pandémie du Covid-19 a mis en lumière plusieurs failles dans la gouvernance du Maroc, notamment quant à la prévention sanitaire. L’Etat marocain a laissé le secteur de la santé à l’abandon, surtout depuis les années 1990, compte tenu de l’évolution démographique conjuguée à une insuffisance des investissements de l’Etat dans le secteur. Un domaine qui a été depuis longtemps associé aux dépenses et perçu comme un poste de coût, la santé va se révéler poste d'investissement dans la gestion du risque économique. Il s’avère donc nécessaire d’enrichir l'analyse des professionnels de santé par celle de spécialistes de l'assurance-risque, voire de professionnels capables de véritablement penser l'éventualité d'une crise sanitaire de grande envergure. C'est en cela que l'analyse d'un spécialiste d’assurance-risque fait sens.
Certes il est encore trop tôt pour mesurer l’impact de la crise, pourtant nous savons déjà qu’il excédera amplement le volet sanitaire : impacts financiers, économiques, assurantiels notamment. Les dépenses encourues durant cette pandémie ne se limiteront pas qu’aux pertes humaines, mais comprendront aussi les effets physiques sur les personnes infectées, ainsi que le traumatisme mental.